« Ne devons-nous pas reconnaître qu’il y a parfois des personnes qui ont soif et qui ne veulent pas boire ?

Alors […] comment faudrait-il présenter leur état, si ce n’est en affirmant qu’il se trouve dans leur âme quelque chose qui leur commande de boire, et une autre chose qui les en empêche ? Cette dernière n’est-elle pas différente de la première […] ?

Nous n’aurions donc pas tort […] de soutenir qu’il s’agit de deux principes, et qu’ils diffèrent l’un de l’autre : l’un, celui par lequel l’âme raisonne, nous le nommerons le principe rationnel de l’âme ; l’autre, celui par lequel elle […] a faim, a soif et qui l’excite de tous les désirs, celui-là, nous le nommerons le principe dépourvu de raison et désirant […]. […]

Mais pour ce qui est du cœur, cette espèce par laquelle nous nous emportons, […] il nous apparaît constituer quelque chose de différent du principe rationnel, de la même manière qu’il nous est apparu différent du principe désirant.[…].

[…] c’est dans la mesure où chacun des principes qui nous constituent remplit ses fonctions que […] si quelqu’un doit être juste[…] il le deviendra. »

 Platon, République, livre IV, 439a-442d.